Cinéma
La queue devant le cinéma est longue. J'ouvre enfin les portes et chacun rentre, ils me saluent, je connais tout le monde. Ce sont mes amis, ma famille, des collègues de travail et de nombreuses personnes que j'ai pu croiser dans ma vie.
Chacun trouve sa place dans cette salle aussi vieille que moi. Elle sent le renfermé, aucun film n'a jamais été projeté ici. Elle attendait le mien.
Je m'assois au fond, les images se lancent et mènent leur danse pour retracer une vie: la mienne. Ma naissance à Sisteron, mes années de vie sur Avignon dans la maison familial. Des années joyeuses dans ma vie, l'innocence de l'enfance transperce l'écran. Le public sourit et moi aussi. Revoir mes parents jeunes me fait tellement de bien. Puis suivent mes années à Marseille, il y a beaucoup plus de rencontres, de tensions, il y a des engueulades et des amitiés dont je ne m'attendait pas. Il y a de s filles qui me perturbent en bien ou en mal et puis cette rencontre. Elle est là et je sais que c'est elle. Le reste est facile, va à toute vitesse, même les images semblent accélérées. Les souvenirs tourbillonnent dans ma tête à chaque passage de ma vie que je vois sur cet écran. Je vieillis et de moins en moins de gens viennent me voir. Mes proches sont partis où écrivent leur propre film. La fin approche, un homme s'endort et le générique apparait. Dans la salle, certains pleurs, d'autres sourient en se souvenant m'avoir connu et m'avoir apprécié. Mes parents se lèvent de leurs sièges, ils me regardent et je sais qu'il est temps de partir. Ils me prennent dans leurs bras et nous nous allons. Les gens applaudissent, je leur donne un dernier sourire.
A partir de maintenant d'autres films se tourneront, sans moi.