Elle se prend pour un oiseau  A68e8810



Elle se prend pour un oiseau 

Un cri dans son sommeil,
elle sourit sans éveil.
Dans le ciel de son lit
l’azur se déplie
et en dessous si frêle ,
comme le son d’un pipeau ,
un grand bruissement d’ailes 
« Elle se prend pour un oiseau »

Endormie dans ses bras ,
déjà au loin elle s’en va , 
une barque sur le rivage
la conduit vers l’infini
où chaque vie se lie
pour le plus doux des naufrages .
En plumes argentées, son rêve
vole au souffle de ses lèvres, 
blanc duvet qui s’éparpille
en soupirs sur sa chemise.
Comme une nouvelle naissance, 
revêtue de transparence
parée de sa nudité, 
« Elle se prend pour un oiseau » 


Elle gémit , elle se réveille, 
au cœur un goût de miel
et le songe inachevé
perle de ses yeux délavés
en gouttelettes de rosée, 
pâle fraîcheur de l’été,
et , la , dans l’aube naissante,
féconde et apaisante
« Elle se prend pour un oiseau »

Prisonnière de ses fantômes 
dans le miroir de ses paumes
la mer sans cesse l’appelle, 
sa voix à sa voix se mêle , 
envoûtement de sirène . 
Se libérant de ses chaînes, 
de son enveloppe charnelle
dans un grand bruissement d’ailes,
elle se transforme en oiseau.