Elle se prend pour un oiseau
Un cri dans son sommeil,
elle sourit sans éveil.
Dans le ciel de son lit
l’azur se déplie
et en dessous si frêle ,
comme le son d’un pipeau ,
un grand bruissement d’ailes
« Elle se prend pour un oiseau »
Endormie dans ses bras ,
déjà au loin elle s’en va ,
une barque sur le rivage
la conduit vers l’infini
où chaque vie se lie
pour le plus doux des naufrages .
En plumes argentées, son rêve
vole au souffle de ses lèvres,
blanc duvet qui s’éparpille
en soupirs sur sa chemise.
Comme une nouvelle naissance,
revêtue de transparence
parée de sa nudité,
« Elle se prend pour un oiseau »
Elle gémit , elle se réveille,
au cœur un goût de miel
et le songe inachevé
perle de ses yeux délavés
en gouttelettes de rosée,
pâle fraîcheur de l’été,
et , la , dans l’aube naissante,
féconde et apaisante
« Elle se prend pour un oiseau »
Prisonnière de ses fantômes
dans le miroir de ses paumes
la mer sans cesse l’appelle,
sa voix à sa voix se mêle ,
envoûtement de sirène .
Se libérant de ses chaînes,
de son enveloppe charnelle
dans un grand bruissement d’ailes,
elle se transforme en oiseau.