LA PETITE FILLE 
La petite tourne en rond , avance , recule , s’arrête , légère comme l’écume sur la vague , saute du trottoir , marche un pied collé devant l’autre lentement tel un funambule , un pas de géant ..... elle s’adosse au vieux mur de pierres vestige d’une ancienne librairie , son dos glisse le long de la mousse , assise elle replie les jambes , tire les plis de sa jupe et enlace ses genoux .
Ses mains bavardent , s’agitent , expliquent , dessinent dans l’air une invisible histoire …
Ses yeux pétillent dans son visage sérieux et grave .
Ses lèvres marmonnent , chantonnent , sourient , un éclat de rire cristallin fuse , papillon d’un soir .
Elle joue sans me voir , j’entends des mots qui reviennent sans cesse dans ma mémoire :
-« Quand je serai grande ! Je serai bouquinière »
J’offrirai des bouquins à tous les hommes qui gardent des barrières dans le ciel et sur terre .
Ils auront pour se battre et pour croiser le fer des soldats-ribambelles , des trompettes en carton et des crécelles .
Ils marcheront au rythme des mirlitons , chantant à l’unisson :
- « que notre guerre est belle ! puisque c’est celle des mots et des sons qui inlassablement veulent créer la paix sur l’horizon »
Soudain elle se relève , tournoie en écartant les bras , grise quelques instants elle oscille …. repart dans l’autre sens , son regard se voile , elle rayonne , lèvres entr’ouvertes…un refrain :
- « quand je serai grande …. »
-« Suzanne , rentres » ,du troisième étage du HLM sa mère s’époumone .
La fillette lève la tête…..à reculons jusqu’à la porte …elle pivote , elle hésite….un dernier bond par dessus le paillasson , elle disparaît , la porte vitrée claque comme un coup de fouet .
J’emprunte parfois ce chemin pour acheter du pain avant de rentrer chez moi , quand je suis là ...
Plus que d’autres j’ai fait des voyages , des rencontres: inattendues , piquantes , intéressantes , parfois embarrassantes , banales , originales , saugrenues et même incongrues , dramatiques , indécentes , insoutenables quelques fois mais c’est cette gamine qui jouait dans la rue qui partout m’accompagne ...
Je suis reporter dans un journal et la folie des hommes .....
Combien de temps pourrai -je m’accrocher à cette image pour pouvoir continuer ?
La petite tourne en rond , avance , recule , s’arrête , légère comme l’écume sur la vague , saute du trottoir , marche un pied collé devant l’autre lentement tel un funambule , un pas de géant ..... elle s’adosse au vieux mur de pierres vestige d’une ancienne librairie , son dos glisse le long de la mousse , assise elle replie les jambes , tire les plis de sa jupe et enlace ses genoux .
Ses mains bavardent , s’agitent , expliquent , dessinent dans l’air une invisible histoire …
Ses yeux pétillent dans son visage sérieux et grave .
Ses lèvres marmonnent , chantonnent , sourient , un éclat de rire cristallin fuse , papillon d’un soir .
Elle joue sans me voir , j’entends des mots qui reviennent sans cesse dans ma mémoire :
-« Quand je serai grande ! Je serai bouquinière »
J’offrirai des bouquins à tous les hommes qui gardent des barrières dans le ciel et sur terre .
Ils auront pour se battre et pour croiser le fer des soldats-ribambelles , des trompettes en carton et des crécelles .
Ils marcheront au rythme des mirlitons , chantant à l’unisson :
- « que notre guerre est belle ! puisque c’est celle des mots et des sons qui inlassablement veulent créer la paix sur l’horizon »
Soudain elle se relève , tournoie en écartant les bras , grise quelques instants elle oscille …. repart dans l’autre sens , son regard se voile , elle rayonne , lèvres entr’ouvertes…un refrain :
- « quand je serai grande …. »
-« Suzanne , rentres » ,du troisième étage du HLM sa mère s’époumone .
La fillette lève la tête…..à reculons jusqu’à la porte …elle pivote , elle hésite….un dernier bond par dessus le paillasson , elle disparaît , la porte vitrée claque comme un coup de fouet .
J’emprunte parfois ce chemin pour acheter du pain avant de rentrer chez moi , quand je suis là ...
Plus que d’autres j’ai fait des voyages , des rencontres: inattendues , piquantes , intéressantes , parfois embarrassantes , banales , originales , saugrenues et même incongrues , dramatiques , indécentes , insoutenables quelques fois mais c’est cette gamine qui jouait dans la rue qui partout m’accompagne ...
Je suis reporter dans un journal et la folie des hommes .....
Combien de temps pourrai -je m’accrocher à cette image pour pouvoir continuer ?