Résumé : Victor Darling est marié, et raisonnable. Il consulte le plus souvent son épouse – Mathilde – lorsqu’une décision est à prendre. Il aime l’ordre, mais conserve une certaine fantaisie issue de son enfance. Elle est rationnelle. Elle calcule les frais, concernant surtout leurs trois enfants, Tim, Louise et Rose. En même temps elle souhaite, malgré leur pauvreté, imiter ses voisins mieux nantis. Qu’à cela ne tienne, on garde les enfants, et comme baby-sitter, on engage Nestor, un chien amical, qui se met à insuffler d’étranges idées, croit-elle, aux enfants. Et la vie se décline, entre mots et Île Irréelle « la mieux abritée et la plus dense », en compagnie de Léon, l’autre domestique. Puis survient Leïla, dont se souvient alors Victor.
Mon avis : J’admets que la simple mention « réécriture de Peter Pan » a suffit pour me donner envie de lire le roman. J’ai déjà pu parler de nombreuses réécritures de Peter Pan que j’avais déjà pu lire (rien que cette année, j’en ai lu deux, celle-ci étant la troisième) et à chaque fois, j’avais plutôt apprécié l’idée derrière le roman. J’avais aimé voir ce qui avait changé, où les possibles « suites » à la légende qui m’avait été proposée. Cette fois-ci, j’ai senti que ce roman serait moins dans la « fiction » et un peu plus dans le traitement psychologique, ce qui était loin d’être un soucis, à mon sens. Au contraire, j’avais très hâte de me lancer ! J’ai donc dévoré ces 144 pages en une journée pour satisfaire ma curiosité. Qu’en ai-je pensé ? Je vous dis tout ça !
Dès le début, on découvre le personnage de Victor Darling et sa femme Mathilde. Et dès les premières pages, le décors est planté : Victor est un rêveur, souhaitant des enfants sans pour autant penser à l’après, à tout ce qui arrive une fois que l’enfant n’en est plus un. De son côté, Mathilde est toujours dans les chiffres, le calcul et la planification. Ainsi, on suit chaque étape qui précède l’arrivée d’un nouvel enfant (aka une discussion sur s’il est financièrement possible d’en avoir un autre) jusqu’à la naissance de Rose, la petite dernière. Il y a également le baby-sitter, un Terre-Neuve du nom de Nestor (qui « remplace » ici la chienne Nana, dans le dessin animé Disney). D’ailleurs, c’est assez étrange car par moment, le chien est pratiquement humain, notamment lorsque les époux discutent de comment l’idée de « Leila » (aka Peter Pan) a pu arriver jusqu’aux enfants et que Mathilde répond que c’est « tout à fait typique de Nestor », comme si le chien leur avait raconté des histoires avant d’aller au lit. Au final, le gros changement de ce roman, c’est que les sexes ont été inversé. Ici, c’est Tim, l’aîné de la famille, qui remplace Wendy tandis que Peter Pan est devenu Leïla. Le Pays Imaginaire est assez similaire à celui de la légende. Dans le roman aussi, les parents assistent au départ de leurs enfants et semblent conscient du temps qui s’écoule jusqu’à leur retour.
Heureusement, le personnage de Tim est loin d’être aussi « docile » que Wendy. Peut-être que le fait qu’il soit un garçon permet de le montrer un peu plus entreprenant et sûr de lui. Son aventure lors du récit est assez intéressante, mais je trouve que ce sont les derniers chapitres qui sont extrêmement intriguant. Comme dans le dessin animé, les enfants reviennent chez eux, mais le traitement est différent. Je l’ai trouvé bien plus intéressant que la version animée, pour le coup. La différence entre ceux qui grandissent et ceux qui refusent de le faire est très présente et devient même déchirante. J’ai envie de vous en dire plus, mais ça serait du spoil, donc je ne le ferais pas. Le mythe de Peter Pan est de toute façon très centré sur cette idée de devenir adulte.
Le personnage de Leïla est vraiment chouette. Le traitement réservé à ce personnage est vraiment génial. La psychologie de chaque personnage est de toute façon extrêmement complexe et j’aurai adoré en voir un peu plus, justement. J’aurai adoré creuser la psychologie de Leïla et de Tim un peu plus, en rendant ce roman un peu plus long. C’est peut-être le seul « reproche » que je pourrais faire au roman.
SPOILER !
Spoiler :
A la fin, justement, Tim décide qu’il va essayer de rester enfant pour revoir Leïla une semaine par an. Sauf que celle-ci, comme une enfant, oublie parfois des années et lorsqu’elle finit par revenir, Tim est adulte, marié et père. Le choc est énorme pour les deux, mais surtout Leïla qui finit par perdre ce qu’elle avait toujours voulu : une famille. Surtout qu’à la différence du dessin animé, les « filles perdues » ne restent pas avec Leïla mais sont adoptées par la famille Darling !
Finalement, que dire du roman ? C’est une excellente réécriture. L’idée d’inverser les sexes permet une réflexion différente sur le mythe, bien que le fond reste le même. L’idée de ne pas vouloir grandir est toujours le point central du roman, mais le traitement est ici extrêmement intéressant, avec des personnages attachants et une aventure passionnante. Le roman est assez court (144 pages) donc c’est une lecture agréable et rapide, qui saura ravir tous les passionnés du mythe ou ceux qui aiment les univers travaillés et les personnages intéressants ! C’est une lecture que je recommande à tous ! La plume de l’auteure est vraiment top et contrairement à ce que je pensais, le roman verse bien dans la fiction plus que le côté psychologie dure !