Une douce odeur d’embrun me titille les narines. Vivant en Bourgogne, dans l’Yonne au beau milieu des champs, je suis surprise de sentir cette odeur. J’ai plutôt l’habitude de capter celle du colza. J’ai l’impression d’entendre le bruit des vagues, c’est singulier. Suis-je vraiment chez moi ?
J’ouvre mes paupières doucement et m’étire comme un chat. Une grande luminosité embrasse la pièce, je distingue du mobilier, qui ne correspond absolument pas à celui de ma demeure. Le lit à baldaquin est fait en bambou et une moustiquaire l’entoure. J’entrebâille celle-ci, pour m’extraire de mes draps. La pièce apparaît chaleureuse. J’enfile des sandales qui doivent être mes chaussons. Au pied du lit, posé sur un tabouret en bambou, je découvre un morceau de tissu plié. Je le prends et le déplie, il s’agit d’un paréo de couleur turquoise parsemé de fleurs d’hibiscus roses.
Je passe ce vêtement, qui est mis à ma disposition et quitte la douceur de cette chambre. Sur le pas de la porte, j’observe le magnifique décor qui s’étale devant mes yeux. Je suis dans une maison sur pilotis, au beau milieu de l’eau , probablement l’Océan Pacifique au vu du paysage paradisiaque qui m’entoure. En tournant la tête, j’aperçois d’autres pilotis desservis par des pontons. Ce doit sûrement appartenir à un hôtel de luxe. L’eau apparaît transparente et me laisse apercevoir une faune multicolore. Les poissons s’agitent dans un ballet magnifique et mystérieux. Je prends le temps de les regarder. Comme ce spectacle est reposant. Au loin, j’aperçois un bâtiment avec un bateau qui se déplace, ce doit être une ferme perlière.
Puis un bruit résonne, je comprends qu’il s’agit de mon estomac qui crie famine. Au même instant, un autre bruit attire mon attention, c’est celui d’une desserte poussée par un jeune homme vêtu de blanc, qui arrive sur mon ponton.
– Bonjour madame ! Voici votre petit déjeuner !
– Oh Bonjour ! Merci beaucoup !
Je m’installe sur la petite table en bambou placée sur ma terrasse, pour prendre ce petit déjeuner qui tombe à pic. La desserte est très garnie, un joli bouquet est disposé dans un petit vase pour égayer ce moment à l’aide de touches colorées. Il s’agit de fleurs d’hibiscus et de tiaré. L’odeur enivrante de ces fleurs, me rappelle vaguement celle du flacon de Monoï pailleté, que j’ai récemment acheté. Il avait pour seul but de me permettre de prolonger l’odeur de mes futures vacances. Je me verse une tasse de café chaud et me tartine une tranche de brioche. Celle-ci sent fortement la fleur d’oranger. Le goût, lui, est très subtil et la texture fort agréable. Je me délecte de ce repas et me tartine une seconde tranche. Je sirote mon café, qui s’avère excellent. Après, je profite des fruits frais disposés dans une corbeille en feuilles de palmiers. La papaye est juteuse et la mangue extrêmement sucrée.
Après ce repas avalé avec appétit, je décide de me doucher, en profitant des produits de beauté présents dans la salle de bains. Ce sont uniquement des produits locaux. Une fois rafraîchie, je m’habille d’un short de jean clair et d’un débardeur de couleur parme. Je quitte ensuite la maison sur pilotis et remonte le ponton. Je souhaite visiter cette île que je soupçonne être Tahiti. Je décide de commencer par la visite de cette ferme perlière que j’apercevais de ma terrasse.
Le patron de la ferme m’explique alors comment on place le greffon, qui sera le support à la constitution de la perle. L’huître fabriquera alors la nacre pour se défendre face à ce corps étranger. Les perles de Tahiti sont noires et iridescentes. Je suis épatée devant cette nature qui crée de telles merveilles. J’achète un pendentif avec une jolie perle irisée en vert avant de quitter les locaux. J’arrive sur une plage de sable blanc. J’ôte mes nu-pieds pour sentir sous la plante de mes pieds, la douceur de ce sable et sa chaleur. Je suis surprise par ces petits grains qui me chatouillent. Je trouve un coin à l’écart et surtout, à l’ombre de grands palmiers. Je profite de ce paysage qui m’est offert. Il est juste sublime !
L’eau turquoise tranche avec la blancheur de la plage. Les vagues composent une douce mélodie apaisante. Des oiseaux virevoltent dans le ciel et me détournent du spectacle de l’océan. Je me sens sereine et reposée. Cet endroit me permet une détente bienfaisante. Le temps passe si vite, je ne sais absolument pas combien d’heures je suis restée assise là, dans cette contemplation. Le soleil m’atteint maintenant. Il a en effet, un peu tourné depuis mon arrivée. Je jette un coup d’œil à ma montre, qui indique treize heures. Il est grand temps de se rendre au restaurant de l’hôtel.
Je m’extirpe à regret de cet emplacement occupé depuis un long moment. Je marche de nouveau sur le sable, qui est devenu brûlant, chauffé par les rayons du soleil au firmament. Je renfile rapidement mes souliers pour me protéger. J’atteins la luxueuse bâtisse de l’hôtel. Le personnel de l’accueil est chaleureux et m’indique rapidement le chemin pour me rendre au restaurant, où une table m’est réservée. Je prends place, elle a une vue imprenable sur le lagon. Je survole la carte du menu, mais je ne sais que prendre. J’opte finalement pour un plat typique de l’île, le poulet « fafa ». Ce poulet mariné dans du lait de coco est accompagné d’une sorte d’épinard local, le fafa. Ces nouvelles saveurs excitent mes papilles. Pour le dessert, mon choix se porte sur le Poe banane. Cette douceur est à base de banane en pudding, généralement servi avec du lait de coco et de l’amidon. Ce sont les précisions fournies par le serveur. Ce festin me ravit et je l’engloutis avec plaisir. Une fois repue, je regagne ma maison sur pilotis et récupère mon chapeau.
Le soleil tape fortement et j’ai envie de poursuivre mes découvertes. Pas question de faire une insolation ! J’attrape un taxi devant l’hôtel, pour me rendre dans un village polynésien et apprendre leurs coutumes. Le véhicule traverse des paysages plus beaux les uns que les autres. J’aboutis à un village reculé, situé dans les terres. À mon arrivée, une jeune fille me passe par la tête un collier de fleurs blanches, j’accepte le présent. L’odeur est entêtante, j’ai autour de mon cou des fleurs de tiaré et de frangipaniers. Les villageois ont tous revêtu leurs habits traditionnels. Les hommes portent le paréo enroulé autour de leur taille, comme une jupe et les femmes plus comme une robe. Au niveau de leurs têtes, ils ont tous des couronnes. Ils m’expliquent les traditions de cette île, avant de m’inviter à partager leur repas. Je trouve les plats succulents. Puis, j’ai l’honneur d’assister à un spectacle de danses traditionnelles. Les villageois tentent de m’initier au « tamuré ». Malheureusement , je ne suis pas très douée et le résultat est catastrophique. Je m’amuse vraiment ! La dernière note de musique retentit, mon taxi m’attend pour me raccompagner à l’hôtel, comme prévu. La lune baigne la lagune de sa lumière blanchâtre et me permet de trouver mon chemin sur les pontons avec aisance. Je parviens à ma chambre, cette journée de découverte m’a épuisée.
Mon réveil est moins surprenant, je suis heureuse de vivre une nouvelle aventure. Que vais-je faire aujourd’hui ? Visiter une fabrique de Monoï me tente bien. En route pour une usine toute proche. Je suis reçue comme une célébrité. Les employés sont très avenants et me donnent des secrets de fabrication sur cette huile parfumée. J’étais loin d’imaginer qu’elle exigeait une telle précision. J’apprends alors de nombreuses choses sur son utilisation et ses bienfaits. En plus de sentir bon, elle est un véritable atout beauté. Je m’achète une bouteille de cette huile artisanale. Je pense qu’elle est bien différente de celle que je peux obtenir en Métropole. Après avoir goûté au sandwich local à l’heure du déjeuner, je regarde en direction de l’océan et remarque des gens qui s’amusent. Dans les vagues, certains font du surf, d’autres nagent simplement ou encore pratique la planche à voile. À quelques mètres de moi, un jeune homme fait du kitesurf, je me mets alors à observer les dessins réalisés par sa voile, qui le soulève comme un simple fétu de paille. J’ai l’impression que le vent pourrait l’emporter n’importe où. Il paraît si fragile à mes yeux. Je suis pourtant impressionnée par la dextérité qu’il déploie. Je serais bien incapable de pratiquer une seule des activités actuellement visibles sur l’eau. Un petit somme sur la plage est plus de mon niveau ! Je vois un Tahitien qui me fait des signes de la main. Je m’approche et il me propose une promenade en bateau. Il m’invite à me joindre à lui pour se rendre sur une île peu touristique avec son embarcation. Je saisis cette nouvelle opportunité de visiter un paysage somptueux. J’accepte volontiers la proposition.
Nous nous dirigeons vers le port où est amarré son bateau à doubles moteurs de trois cents chevaux. Il est récent et vers la proue, je distingue des bains de soleil, où je m’installe pour profiter de la traversée. Il largue les amarres et informe la capitainerie de notre itinéraire. Il quitte doucement son emplacement et doit atteindre un certain point pour enfin mettre les « watts ». Le vent fouette mon visage et les vagues secouent le « rafio ». Plus nous approchons de l’île mystérieuse, plus les vagues nous ballottent, comme si elles refusaient de nous voir atteindre notre but. Je suis secouée très vivement, de droite et de gauche…
– Madame ! Madame ! Contrôle de vos titres de transport, s’il vous plaît ?
Mes yeux sont embués de sommeil. Je me rends alors compte que je suis en fait dans le train express régional Bourgogne-Franche-Comté. C’est le contrôleur qui me secouait comme un prunier pour me réveiller.
J’ai seulement fait un rêve d’un voyage merveilleux…