On va tout démolir. Elle va céder la place à un beau bâtiment, sans doute, mais en attendant, j’ai envie de partager avec vous cette anecdote, souriante, et un peu nostalgique aussi, sur la vieille fabrique de meubles.
En ce temps-là, on avait le souci des emballages pratiques, solides et biodégradables !
Mais non, je m’égare déjà avant de commencer….
Un petit village prospère, durant l’entre deux-guerres. Mon grand-père y était menuisier. Il y en avait plusieurs, et le travail ne manquait pas à cette époque. On s’entendait bien, entre collègues plutôt que concurrents. Ainsi, il vendait dans son magasin les meubles fabriqués à la fabrique de la Grand’Place. Des chambres « style rustique » principalement. Il en a vendu des dizaines, et qui sait, peut-être des centaines. Il y en avait une, chez vous ?
Mon grand-père, donc, avait pris un apprenti. Ca devait être facile pour lui d’en trouver : il était membre du jury pour les travaux de fin d’études de l’école technique.
Le petit jeune, je ne l’ai pas connu, peut-être qu’il n’était pas très dégourdi. Mais de toutes façons, le bizutage avait cours, même s’il ne portait pas ce nom là. Toujours est-il qu’un jour, l'apprenti a reçu de son patron, plié en quatre, un petit papier. Mon grand-père lui a dit de le porter à la fabrique, et de faire ce qu'on lui dirait là-bas. Le gamin est parti en courant. Ce n’était pas loin, il pensait revenir tout de suite.
Sur le papier, un seul mot : « Charge-le ! »
C’est ainsi qu’on a vu arriver bien plus tard le petit, suant et essoufflé, portant avec peine quatre paquets de clous, emballés soigneusement dans de grandes boîtes en carton. C’était à peu près comme les boîtes de tabac en vrac, mais beaucoup plus long et plus solide, avec plusieurs couches de carton. Ainsi on pouvait poser la boîte debout, et déchirer l’emballage au fur et à mesure, pour prendre des clous facilement. C’était très pratique, mais surtout très lourd : entre 10 et 20 kilos par boîte.
Pauv’gamin !