1ère partie
 
J’ai froid et pourtant il fait déjà chaud. Il est à peine 8 heure. Ainsi, ce mois d’août s’annonce aussi caniculaire que juillet. Je frisonne pourtant. Autour de moi, les gens se pressent. Courir, se dépêcher, s’affoler sont les maîtres-mots de cette génération. Prendre le temps est devenu une notion obsolète, désuète, voire contradictoire. C’est un peu comme mourir d’ailleurs. Alors, les gens s’affairent. Du temps, il n’y en a plus. J’ose espérer que le moteur qui les fait avancer s’appelle passion ! S’épanouir ? Oui toujours, à longueur d’année et coûte que coûte !
Le train vient de s’arrêter, je me lève et attrape ma valise… j’hésite.
 
2ème partie
 
-           Guarance ? Tu viens manger s’il te plaît ? La table est servie.

Des heures fixes, des rituels aux parfums de thé, un quotidien rassurant ont insufflé à ma vie cet équilibre bienveillant.
Je loge dans une petite chambre coquette et douillette à souhait dans cette vielle demeure victorienne du 19e siècle. Vous connaissez les Banks ? Cette famille qu'aide Mary Poppins ? Et bien, vous vous faites ainsi une idée de mon espace de vie.
J’y vis depuis 5 ans, chouchoutée par les Delroy comme la fille qu’ils n’ont jamais eue.
J’adore me promener dans leur jardin coloré, aux senteurs variées. Les roses y sont reines. Soigneusement taillées, elles arborent fièrement les parterres. Il n’est pas rare d’y rencontrer un voisin, venu se ressourcer grâce à une longue et lente flânerie dans les allées. Souvent, je me pose sur la petite balancelle non loin du Saule et me laisse bercer par le silence.
Il est l’heure de prendre le thé, sur ce je m’en vais rejoindre mes hôtes pour la dernière fois.
 
3ème partie
 
-          Guarance ? Ce sont tes derniers travaux là, sûr le coin du bureau ?

Des formes, des couleurs, des imprimés, ma formation d’illustratrice m’a comblée. Au terme de celle-ci, une multitude d’éditeurs se sont déjà bousculés pour mes services et j’en suis ravie. Je n’ai que l’embarras du choix !
Je vais donc quitter ce petit local pour étudiants que j’ai occupé avec assiduité. L’oiseau doit prendre son envol.
Je me suis fait des tas d’amis ici, des gens bienveillants qui m’ont aidé, épaulé et des professionnels qui ont révélé mes capacités.
Je ramasse les dernières traces de mon travail et referme doucement la porte de ce lieu où j’ai grandi professionnellement.
 
4ème partie
 
-          Pardon mademoiselle, est-ce que vous montez ?
Partir ? Rester ? Vivre c’est choisir et renoncer. En cet instant précis, l’adage prend toute sa dimension.
 
Suis-je montée dans ce train ? Ce train qui allait où exactement ? Et pour que faire précisément sinon que de prendre un nouveau départ, lequel d'ailleurs ?
Je vous invite à prendre place à mes côtés, debout sur le quai ou assis dans le wagon et ensemble continuons de voyager !