On se demande souvent après de longues années, comment nous en sommes arrivés là.
Études, chances, coups de pouce des parents ou bien travail acharné, tout pouvait être possible. Mon chemin à moi avait été quelque peu fastidieux pour me retrouver en tant que journaliste depuis maintenant plusieurs mois.
Embûches sur embûches, j’ai dû faire quelques compromis et sacrifices pour en arriver-là. Aussi bien familialement que professionnellement.
Dire que ce métier était ce que je voulais faire depuis que j’étais petite était la chose la plus fausse possible. À vrai dire, comme beaucoup de jeunes filles, je rêvais d’être maîtresse d’école, princesse ou même parfois médecin, et pourtant, me voici à plancher chacun de mes articles avec une farouche envie de voir chacun de mes écrits paraître sur le papier les jours suivants…
Comme toutes mes soirées, c’était avec acharnement que je tapais d’une vitesse folle sur mon clavier.
Les mots apparaissaient sur l’écran presque aussi vite que mon esprit les pensait. Au point où je n’avais guère remarqué que la série que j’avais mise en fond sonore s’était arrêtée. Mais à l’instant où je me penchais pour récupérer la télécommande, un nuage de neige et de grésillement s’abattit d’un coup net sur la télévision.
Je succombais une nouvelle fois.
Garder son calme.
Voici la chose la plus simple à dire lorsqu’on se réveille sonnée et les yeux dans un néant total.
— Il..Il y a quelqu’un ?!! Criai-je en essayant de détacher mes mains nouées dans mon dos.
La seule chose qui m’avait entendue était ce que je supposais être un poste radio qui émettait un son effroyable depuis mon réveil.
Où suis-je ? Qui m’avait mise là ? Pourquoi ? Qui voudrait bien enlever une jeune journaliste dont la vie était des plus banales ? Pourquoi moi ??
Trop de questions. Trop de choses sans réponses…
— Il y a quelqu’un ?!! Répétais-je.
Toujours aucune réponse.
Je cherchais désespérément quelqu'un, quelque chose, ou ne serait-ce qu’une once de bruit différent que ce bourdonnement incessant. Les larmes coulaient sur mes joues rouges.
J’étais bloquée ici, immobilisée sur un sol terreux. Le corps lié à une barre froide et rigide qui me tirait en arrière tandis que l’air que je respirais semblait être de plus en plus manquante à chaque bouffées.
Ma respiration était haletante. J’avais cette dure sensation de suffoquer.
— Non ! Non !!! Non ! Pas encore toi !!!
Mon ordinateur, la télécommande, tout ce que je tenais entre les mains tomba d’un coup sur le sol.
Je l’avais vu.
Il était là.
Les paumes plaquées contre mes oreilles ne semblaient pas suffire à arrêter la cacophonie de ce brouhaha dans ma tête…
— Non !!! Criai-je une nouvelle fois au travers de la pièce.
Ce son, ce bourdonnement, m’était insupportable au point que mes genoux plièrent sous mon poids.
J’étais tétanisée.
Mon corps ne répondait plus. Tout autour de moi vacillait. Murs. Canapé. Lampes. Tout ce qui avait donné cette once de couleur dans ce petit appartement allait de gauche à droite et inversement sans prendre le temps de se stopper, ne serait-ce qu’un instant.
— J’arrive ma jolie !
C’était lui. Sans même savoir qui il était, ni ce pourquoi il m’avait emmené ici, je le savais, ou du moins je l’avais déduit.
Sa voix était… Mordante. Comme si le ton qu’il employait n’avait rien à faire ici, dans cette situation.
Rien qu’à cela, des images perforaient ma tête. Un sourire aussi ravi que sadique ; une lame de couteau ainsi que des pulsions meurtrières à vous en faire perdre le cours de votre vie.
Mais tout ceci ne fit que s’empirer lorsque le son de ses pas se mit à couvrir le brouhaha du poste de radio.
Il venait vers moi.
Je le savais.
Garde ton calme, Garde ton calme. Rien ne va t’arriver. Rien ne pourrait être pire.
Voici ce que je me répétais, en boucle, en espérant atténuer le reste de mes sens encore viable qui me renvoyait toujours vers cette vision d’horreur : la mort.
Mes muscles endoloris tentèrent encore une fois de me détacher. Qu’avais-je à perdre à essayer une dernière fois ?
La corde qui maintenait en place mes mains par mes poignets rompit avant d’avoir eu le temps d’abandonner.
Un miracle ? De la chance ? Probablement un peu des deux… Mais cela n’allait pas suffire.
Il arrivait.
— Rien de tout ça n’est vrai ! Non !!!
L’envie que tout ceci s’arrête ne serait-ce qu’une seule seconde me traversa au plus haut point. Les larmes chaudes coulaient encore sur mon visage sans jamais vouloir s’arrêter.
La salle de bain. Voici l’endroit qui pourrait mettre un terme à cet enfer.
Mais aurais-je la force d’y aller ?
Me laissera-t-on le temps…
Attaquer. Fuir.
Mon choix, avant même d’en réfléchir, était instinctivement fait.
J’allais fuir.
Contre toute attente, j’avais réussi à défaire les liens qui serraient mes chevilles sans grande difficulté malgré la noirceur de la pièce où je me trouvais.
Le sol était glacial, et je n’eus d’autre choix que de m’appuyer avec peine dessus pour espérer me relever, mais tout ceci n'était que futilité.
Chaque murmure sonore, chaque bourdonnement, bruit de pas s’était tu. Un silence parfait régnait. Comme si tout s’était stoppé : le temps, le son, et même ma respiration les semblait avoir rejoint.
Des frissons remontèrent lentement ma colonne vertébrale jusqu’à chacun de mes membres.
Je devais fuir.
Rapidement
Bouger était d’une extrême difficulté, comme si la Terre toute entière venait d’être propulsée sur mes épaules en l’espace de quelques minutes.
Tout me semblait être impossible à faire…
Les objets éclataient sur le sol derrière mon passage. Mes pieds raclaient le carrelage. Mes doigts s’agrippaient aux meubles lorsque j’essayais d’avancer.
L’un des avantages de cet appartement et qu’il n’était pas des plus grands. L’endroit de ma libération était donc… Tout proche.
Mais encore fallait-il que j’y parvienne…
Il n’y avait peut-être rien de pire que d’avoir cette dure sensation de voir sa mort approcher. La mienne me tenait les bras. Je le sentais.
— Poupette ? Résonnait la voix masculine.
Loin ou proche, je n’avais plus aucune mesure de la distance qui se trouvait entre lui et moi. Était-il devant ? Derrière ? À gauche ?
Je n’en avais plus idée.
Mais ce dont je pouvais être sûre, c’était du fait que le rythme de mon avancée dans le noir n’était guère assez vite.
J’avançais aussi rapidement que possible en poussant sur le mur rugueux…
Mon état de stress n’était toujours pas redescendu, en même temps, comment pouvait-il ?
À toutes mes respirations, le remous de poussière que j’avalais manquait de m’étouffer.
J’étais condamnée à rester ici.
— Tu sais très bien que tu ne réussiras pas à partir d’ici ma chérie !
Un cri strident s’échappa de ma bouche à l’instant où une lueur jaunâtre éclairait son visage juste en face de moi.
Je tombais à la renverse sur le sol.
— N-Ne..Ne..Ne…
Les mots se mélangeaient dans mon esprit et ma langue fourchait à chaque tentative de parole. Plus rien ne pouvait sortir.
Son visage… Il me glaçait le sang. Ses yeux montraient une soif de sang, de torture, comme s’il avait attendu ce moment toute sa vie, comme si tout ceci n’était après tout, qu’un jeu pour lui…
Tout était redevenu si noir, et pourtant, je sentais son souffle chaud contre ma nuque. Un si dur contraste avec sa lame glacée qui coupait mon haut avant qu’elle ne caresse mon ventre.
Mon corps était à sa merci, et ce, depuis le début…
Un cachet. Puis deux. Puis trois, à n’en plus finir.
En cas de soucis de saut de ligne, voici le lien vers la nouvelle sous format gdoc : Fragments d'un soir.
Études, chances, coups de pouce des parents ou bien travail acharné, tout pouvait être possible. Mon chemin à moi avait été quelque peu fastidieux pour me retrouver en tant que journaliste depuis maintenant plusieurs mois.
Embûches sur embûches, j’ai dû faire quelques compromis et sacrifices pour en arriver-là. Aussi bien familialement que professionnellement.
Dire que ce métier était ce que je voulais faire depuis que j’étais petite était la chose la plus fausse possible. À vrai dire, comme beaucoup de jeunes filles, je rêvais d’être maîtresse d’école, princesse ou même parfois médecin, et pourtant, me voici à plancher chacun de mes articles avec une farouche envie de voir chacun de mes écrits paraître sur le papier les jours suivants…
Comme toutes mes soirées, c’était avec acharnement que je tapais d’une vitesse folle sur mon clavier.
Les mots apparaissaient sur l’écran presque aussi vite que mon esprit les pensait. Au point où je n’avais guère remarqué que la série que j’avais mise en fond sonore s’était arrêtée. Mais à l’instant où je me penchais pour récupérer la télécommande, un nuage de neige et de grésillement s’abattit d’un coup net sur la télévision.
Je succombais une nouvelle fois.
Garder son calme.
Voici la chose la plus simple à dire lorsqu’on se réveille sonnée et les yeux dans un néant total.
— Il..Il y a quelqu’un ?!! Criai-je en essayant de détacher mes mains nouées dans mon dos.
La seule chose qui m’avait entendue était ce que je supposais être un poste radio qui émettait un son effroyable depuis mon réveil.
Où suis-je ? Qui m’avait mise là ? Pourquoi ? Qui voudrait bien enlever une jeune journaliste dont la vie était des plus banales ? Pourquoi moi ??
Trop de questions. Trop de choses sans réponses…
— Il y a quelqu’un ?!! Répétais-je.
Toujours aucune réponse.
Je cherchais désespérément quelqu'un, quelque chose, ou ne serait-ce qu’une once de bruit différent que ce bourdonnement incessant. Les larmes coulaient sur mes joues rouges.
J’étais bloquée ici, immobilisée sur un sol terreux. Le corps lié à une barre froide et rigide qui me tirait en arrière tandis que l’air que je respirais semblait être de plus en plus manquante à chaque bouffées.
Ma respiration était haletante. J’avais cette dure sensation de suffoquer.
— Non ! Non !!! Non ! Pas encore toi !!!
Mon ordinateur, la télécommande, tout ce que je tenais entre les mains tomba d’un coup sur le sol.
Je l’avais vu.
Il était là.
Les paumes plaquées contre mes oreilles ne semblaient pas suffire à arrêter la cacophonie de ce brouhaha dans ma tête…
— Non !!! Criai-je une nouvelle fois au travers de la pièce.
Ce son, ce bourdonnement, m’était insupportable au point que mes genoux plièrent sous mon poids.
J’étais tétanisée.
Mon corps ne répondait plus. Tout autour de moi vacillait. Murs. Canapé. Lampes. Tout ce qui avait donné cette once de couleur dans ce petit appartement allait de gauche à droite et inversement sans prendre le temps de se stopper, ne serait-ce qu’un instant.
— J’arrive ma jolie !
C’était lui. Sans même savoir qui il était, ni ce pourquoi il m’avait emmené ici, je le savais, ou du moins je l’avais déduit.
Sa voix était… Mordante. Comme si le ton qu’il employait n’avait rien à faire ici, dans cette situation.
Rien qu’à cela, des images perforaient ma tête. Un sourire aussi ravi que sadique ; une lame de couteau ainsi que des pulsions meurtrières à vous en faire perdre le cours de votre vie.
Mais tout ceci ne fit que s’empirer lorsque le son de ses pas se mit à couvrir le brouhaha du poste de radio.
Il venait vers moi.
Je le savais.
Garde ton calme, Garde ton calme. Rien ne va t’arriver. Rien ne pourrait être pire.
Voici ce que je me répétais, en boucle, en espérant atténuer le reste de mes sens encore viable qui me renvoyait toujours vers cette vision d’horreur : la mort.
Mes muscles endoloris tentèrent encore une fois de me détacher. Qu’avais-je à perdre à essayer une dernière fois ?
La corde qui maintenait en place mes mains par mes poignets rompit avant d’avoir eu le temps d’abandonner.
Un miracle ? De la chance ? Probablement un peu des deux… Mais cela n’allait pas suffire.
Il arrivait.
— Rien de tout ça n’est vrai ! Non !!!
L’envie que tout ceci s’arrête ne serait-ce qu’une seule seconde me traversa au plus haut point. Les larmes chaudes coulaient encore sur mon visage sans jamais vouloir s’arrêter.
La salle de bain. Voici l’endroit qui pourrait mettre un terme à cet enfer.
Mais aurais-je la force d’y aller ?
Me laissera-t-on le temps…
Attaquer. Fuir.
Mon choix, avant même d’en réfléchir, était instinctivement fait.
J’allais fuir.
Contre toute attente, j’avais réussi à défaire les liens qui serraient mes chevilles sans grande difficulté malgré la noirceur de la pièce où je me trouvais.
Le sol était glacial, et je n’eus d’autre choix que de m’appuyer avec peine dessus pour espérer me relever, mais tout ceci n'était que futilité.
Chaque murmure sonore, chaque bourdonnement, bruit de pas s’était tu. Un silence parfait régnait. Comme si tout s’était stoppé : le temps, le son, et même ma respiration les semblait avoir rejoint.
Des frissons remontèrent lentement ma colonne vertébrale jusqu’à chacun de mes membres.
Je devais fuir.
Rapidement
Bouger était d’une extrême difficulté, comme si la Terre toute entière venait d’être propulsée sur mes épaules en l’espace de quelques minutes.
Tout me semblait être impossible à faire…
Les objets éclataient sur le sol derrière mon passage. Mes pieds raclaient le carrelage. Mes doigts s’agrippaient aux meubles lorsque j’essayais d’avancer.
L’un des avantages de cet appartement et qu’il n’était pas des plus grands. L’endroit de ma libération était donc… Tout proche.
Mais encore fallait-il que j’y parvienne…
Il n’y avait peut-être rien de pire que d’avoir cette dure sensation de voir sa mort approcher. La mienne me tenait les bras. Je le sentais.
— Poupette ? Résonnait la voix masculine.
Loin ou proche, je n’avais plus aucune mesure de la distance qui se trouvait entre lui et moi. Était-il devant ? Derrière ? À gauche ?
Je n’en avais plus idée.
Mais ce dont je pouvais être sûre, c’était du fait que le rythme de mon avancée dans le noir n’était guère assez vite.
J’avançais aussi rapidement que possible en poussant sur le mur rugueux…
Mon état de stress n’était toujours pas redescendu, en même temps, comment pouvait-il ?
À toutes mes respirations, le remous de poussière que j’avalais manquait de m’étouffer.
J’étais condamnée à rester ici.
— Tu sais très bien que tu ne réussiras pas à partir d’ici ma chérie !
Un cri strident s’échappa de ma bouche à l’instant où une lueur jaunâtre éclairait son visage juste en face de moi.
Je tombais à la renverse sur le sol.
— N-Ne..Ne..Ne…
Les mots se mélangeaient dans mon esprit et ma langue fourchait à chaque tentative de parole. Plus rien ne pouvait sortir.
Son visage… Il me glaçait le sang. Ses yeux montraient une soif de sang, de torture, comme s’il avait attendu ce moment toute sa vie, comme si tout ceci n’était après tout, qu’un jeu pour lui…
Tout était redevenu si noir, et pourtant, je sentais son souffle chaud contre ma nuque. Un si dur contraste avec sa lame glacée qui coupait mon haut avant qu’elle ne caresse mon ventre.
Mon corps était à sa merci, et ce, depuis le début…
Un cachet. Puis deux. Puis trois, à n’en plus finir.
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