Le secret
Comme tous les soirs, Diane tremble dans son lit.
Dissimulée sous les couvertures, son cœur cogne si fort dans ses tempes qu'elle ne parvient plus à percevoir les bruits extérieurs, le monde au-delà de la couette, de sa chambre trop froide, de cet appartement trop vide.
Tel un oiseau effrayé enfermé dans sa cage, son petit cœur de 8 ans cherche à quitter son corps d'enfant. Il fait trop de bruit, Diane veut qu'il se taise, si elle l'entend si fort, alors la sorcière l'entendra aussi !
La sorcière vit derrière le HLM de son père, face à l'entrée nord qui sent la pisse et les ordures que le concierge entrepose.
La ruelle est sombre, cernée d'immeubles sinistres qui empêchent le soleil de pénétrer dans cette artère peu fréquentée. Sa maison est crasseuse, aussi obscure que la rue, accrochée à la roche où même les mauvaises herbes ne veulent pas pousser.
C'est Karine, sa voisine de palier qui lui a tout raconté.
Elle est dans son école Karine. Pas très bonne élève, ni particulièrement gentille avec Diane, mais elle connaît le quartier et vit dans cet immeuble depuis toujours avec sa maman et sa grand-mère. Diane, dont les parents viennent de divorcer, habite avec son Père une semaine sur deux et vient d'arriver.
« - La sorcière sait tout ! Murmure Karine alors qu'elles regardent, depuis leur coursive, la lugubre maison en contrebas, puis elle ajoute,
- Surtout les mensonges, si tu désobéis, quand tu es méchante... Tu peux être n'importe où, elle lit en toi et si elle sent de la culpabilité dans ton âme alors, la nuit, elle vient et t'arrache le cœur pour le manger. On ne sait pas à quoi elle ressemble, si tu la vois c'est qu'il est trop tard pour toi. D'abord, le bruit de l'ascenseur qui monte, lentement, puis son pas traînant de vieille dans les couloirs, ses ongles qui grattent contre la porte de sa victime... »
Diane veut savoir s'il est possible de s'en protéger car un mensonge, un dérapage, quand on est enfant, ça peut arriver ? Peut-elle en parler à sa Maman ?
« - Non ! s'est écriée Karine. C'est un secret ! Jamais tu entends, jamais les adultes ne doivent savoir. Si la sorcière s’aperçoit qu'un enfant a dévoilé son existence à un adulte, il sera le soir même sur sa liste ».
Comme elle aurait aimé ne pas avoir emménagé dans cet immeuble, ne jamais avoir entendu cette histoire qui la ronge de l'intérieur, jour après jour, nuit après nuit. Elle ne vit plus Diane, elle se vide, s'étiole.
Du bruit dans le couloir, Diane sort sa tête de sous la couverture, son cœur a cessé de s'envoler... est-ce le pas lourd de la sorcière qui vient le lui arracher ?
Pourtant elle le jure, elle n'a rien dit a personne, elle est une gentille petite fille, elle laisse son Papa entrer dans sa chambre la nuit quand elle dort, soulever sa couverture. Elle l'écoute lui dire que c'est leur secret, que c'est ce que font les papas quand il n'y a plus de maman à la maison, qu'il ne faut rien dire à personne, jamais, sinon... tremblez, tremblez,
Comme tous les soirs, Diane tremble dans son lit.
Dissimulée sous les couvertures, son cœur cogne si fort dans ses tempes qu'elle ne parvient plus à percevoir les bruits extérieurs, le monde au-delà de la couette, de sa chambre trop froide, de cet appartement trop vide.
Tel un oiseau effrayé enfermé dans sa cage, son petit cœur de 8 ans cherche à quitter son corps d'enfant. Il fait trop de bruit, Diane veut qu'il se taise, si elle l'entend si fort, alors la sorcière l'entendra aussi !
La sorcière vit derrière le HLM de son père, face à l'entrée nord qui sent la pisse et les ordures que le concierge entrepose.
La ruelle est sombre, cernée d'immeubles sinistres qui empêchent le soleil de pénétrer dans cette artère peu fréquentée. Sa maison est crasseuse, aussi obscure que la rue, accrochée à la roche où même les mauvaises herbes ne veulent pas pousser.
C'est Karine, sa voisine de palier qui lui a tout raconté.
Elle est dans son école Karine. Pas très bonne élève, ni particulièrement gentille avec Diane, mais elle connaît le quartier et vit dans cet immeuble depuis toujours avec sa maman et sa grand-mère. Diane, dont les parents viennent de divorcer, habite avec son Père une semaine sur deux et vient d'arriver.
« - La sorcière sait tout ! Murmure Karine alors qu'elles regardent, depuis leur coursive, la lugubre maison en contrebas, puis elle ajoute,
- Surtout les mensonges, si tu désobéis, quand tu es méchante... Tu peux être n'importe où, elle lit en toi et si elle sent de la culpabilité dans ton âme alors, la nuit, elle vient et t'arrache le cœur pour le manger. On ne sait pas à quoi elle ressemble, si tu la vois c'est qu'il est trop tard pour toi. D'abord, le bruit de l'ascenseur qui monte, lentement, puis son pas traînant de vieille dans les couloirs, ses ongles qui grattent contre la porte de sa victime... »
Diane veut savoir s'il est possible de s'en protéger car un mensonge, un dérapage, quand on est enfant, ça peut arriver ? Peut-elle en parler à sa Maman ?
« - Non ! s'est écriée Karine. C'est un secret ! Jamais tu entends, jamais les adultes ne doivent savoir. Si la sorcière s’aperçoit qu'un enfant a dévoilé son existence à un adulte, il sera le soir même sur sa liste ».
Comme elle aurait aimé ne pas avoir emménagé dans cet immeuble, ne jamais avoir entendu cette histoire qui la ronge de l'intérieur, jour après jour, nuit après nuit. Elle ne vit plus Diane, elle se vide, s'étiole.
Du bruit dans le couloir, Diane sort sa tête de sous la couverture, son cœur a cessé de s'envoler... est-ce le pas lourd de la sorcière qui vient le lui arracher ?
Pourtant elle le jure, elle n'a rien dit a personne, elle est une gentille petite fille, elle laisse son Papa entrer dans sa chambre la nuit quand elle dort, soulever sa couverture. Elle l'écoute lui dire que c'est leur secret, que c'est ce que font les papas quand il n'y a plus de maman à la maison, qu'il ne faut rien dire à personne, jamais, sinon... tremblez, tremblez,