Pulsion
 
J’ai recommencé
Je l’ai refait
Je m’étais pourtant dit que c’était la dernière fois
Mais c’est plus fort que moi
Cette sensation
Est tellement grisante
Je ressens une telle adrénaline
Une excitation qui monte peu à peu
Pour atteindre son apogée
D’une manière si fulgurante
C’est si vivifiant
Je ne peux même pas l’exprimer
Il faut le vivre pour le comprendre
Et trouver les mots pour le décrire
Pourtant cette fois-ci,
Je ne m’y attendais pas
Je suis sorti juste pour boire une bière
Dans ce nouveau bar
Comme d’habitude j’avais cette pulsion en moi
Qui me disait de foncer
Mais j’ai réussi à la refouler
Je la tenais en laisse
Ce qui n’est pas si facile
Néanmoins j’y arrive très bien
La plupart du temps
 
Pourtant ce soir
C’était une autre histoire
En m’installant au comptoir
Dès que je l’ai vu
J’ai su que ce soir je n’y arriverai pas
Tel un animal tapis dans l’ombre
Je l’ai observée toute la soirée
Telle une plante qui pousse
Cette pulsion qui a déjà pris racine en moi
S’est mise à grandir et grandir
Puis elle cognait et cognait encore
Pour sortir
Je l’avais muselé
Car je devais arrêter cela
Puisque je m’étais promis de ne pas récidiver
Or je ne suis pas toujours maître de moi-même
Et cette fois-ci, c’est ce qui s’est passé
Mais je ne vais pas mentir
En disant que ce ne m’a pas plu
Que je n’en avais pas envie moi aussi
Au contraire, rien que d’y penser
Je sens mon cœur faire un bon
Mon sang pulser partout dans mon corps
Des frissons qui me traversent
 
Alors lorsqu’elle sort
Je fais de même
Je la suis
Lorsqu’elle est passée dans cette ruelle
C’était ma chance
J’avais les mains moites
Mon cœur battait la chamade,
J’ai marché sur ses pas
J’étais tel un chasseur
Silencieux, pour ne pas faire fuir sa proie
J’en avais la bouche sèche
J’étais comme ivre
Débordant de cette sensation inexplicable
 
Elle s’arrête un instant
Je l’imite
Elle reprend son chemin tranquillement
J’accélère un peu le pas
Il ne faut pas qu’elle quitte cette ruelle
Avant que je puisse l’approcher
Elle est à quelques centimètres de moi
Elle ne se doute de rien
Tellement confiante et innocente
Tellement naïve comme beaucoup d’entre elles
Tout ce qui me rend encore plus avide
 
Là maintenant, elle est à ma portée
Je l’attrape par l’épaule
Elle se retourne, elle ne comprend pas ce qui se passe
Je la regarde avec un air sournois et mauvais, mes pupilles se dilatent
Je souris et elle prend conscience de son erreur
Elle tente de se débattre
Elle n’aurait pas dû,
Ce genre de comportement ne fait qu’accentuer mes pulsions
Je la bouscule, elle se met à crier
Je la plaque contre le mur, lui met ma main sur la bouche
Et à ce moment-là, je n’ai plus aucune patience
Je l’ai toujours avec moi
Mon objet fétiche, aussi tranchant qu’un sabre
Je le sors et là je l’enfonce doucement
Ses cris, ses coups continuent d’amplifier ma pulsion macabre
Je le retire et recommence
Son sang jaillit avec force
Ce nectar que j’inspire avec frénésie
Il y en a partout
J’en suis moi-même recouvert
Mon acharnement continue
Je ne peux m’arrêter
Je suis au summum de l’exaltation
Je me sens vivant, je me mets à rire
Quel soulagement de ne pas se brimer
Et sortir tout ce qu’il y a en moi
Son corps sans vie entre mes mains
Ses yeux grands ouverts ensanglantés
Quand je la regarde, elle a cet air terrifié sur le visage
Là c’est l’apothéose, l’euphorie totale
J’inspire une dernière bouffée
 
Maintenant, j’en ai terminé
Je la laisse où elle est
Quelqu’un la retrouvera sûrement demain
Je m’en vais comme je suis venu
Je rentre chez moi et me nettoie
Je remets mon objet fétiche dans ma veste
Quand toutes ces images m’emplissent l’esprit
Quand toutes les émotions qui m’ont traversées s’estompent
Je me rends compte de ce que j’ai fait
Encore une fois, je m’étais dit de ne pas recommencer
Mais c’est plus fort que moi
Toutes ces sensations,
Rien que d’y penser je veux y retourner
Il faudrait que quelqu’un m’arrête
Car de moi-même je ne le ferai pas
Je le sais très bien,
Quand cette personne arrivera
Ce sera autre chose
Le vrai jeu pourra commencer
J’ai hâte qu’elle soit là
Rien que de l’imaginer j’en ai l’eau à la bouche
J’en suis impatient, je suis fébrile
Puis je soupir car en attendant
Je dois réfléchir à ce que je ferai demain.
 
LAMINA