Ce jour là, il faisait beau, des volutes de brouillards s'élevaient et dansaient avec les vagues. Notre navire lui aussi oscillait gaiement. Sa figure de proue indiquant la direction à suivre, sculptée dans un bois de chêne centenaire, représentait un monstre marin sensé nous protéger des dangers de la mer de ronce. Les six pattes de notre navire grouillaient particulièrement vite et évitaient soigneusement les interstices innombrables et changeants de cet immense amas d'épines en mouvement.
Tout allait pour le mieux, nous étions de bonne humeur et nous causions gaiement de ce que l'on ferait une fois rentrés à la maison. Bonny nous rabâchait sans cesse qu'il allait prendre sa retraite et s’occuper de ses enfants, la vérité c'est qu'il disait ça à chaque fois, mais l'appel de la mer était trop fort surement. Comme d'habitude nous on lui disait d'arrêter de nous esquinter les choux-fleurs avec son histoire, qu'on la connaissait déjà quoi. Pourtant, on avait apprit à l'aimer cette petite fable, en fait plus on l'entendait et plus on l'aimait, c'était réconfortable, elle nous donnait un drôle de sentiment de sécurité lié à un quotidien calme et un peu ennuyeux. Il avait déjà eu le temps de nous raconter sa légende trois fois aujourd'hui. Comment il allait acheter une toupie à son fils et une poupée à sa fille entre autre.
Puis, quand la pluie arriva, ce fut horrible. Quand il pleut de l'eau qu'est-ce que c'est ? C'est rien, ça fait du bien même, ça lave la crasse. On reconnaît un vrai marin à ça, vous le verrez jamais râler quand il flotte, souvent on est jouasse même. Sauf qu'à ce moment on souriait pas du tout, parce que ce qu'il nous tombait sur la mouille, c'était tout sauf une partie de rigolade. Il pleuvait des fils, des centaines de milliers, des millions même, de fils de soie, accompagnés de tout autant de petites araignées. Phénomène courant en soit, et inoffensif, on s'en est pas inquiété malgré tout nos râlements, puis on a levé les yeux, en fait même sans lever les yeux on l'aurait vu.
BROUUUUUUUUUUUUUUM
Une araignée dix fois plus grosse que le bateau s'écroula devant nous. Là, on a commencé à paniquer, pasque le mastodonte s'était mis à couler, en un rien de temps le truc avait été engloutie par la mer de ronce. L'araignée ne s'était pas remise sur ces pattes, elle coulait, elle était morte.
J'ai sentis mon cœur s'arrêter de battre, qu'est-ce qui pouvait être assez énorme pour être le tueur d'une bestiole comme ça ? Puis, on a entendu un grand cri, un hurlement, un déchirement, j'ai cru en devenir sourd, c'était insoutenable, ça a duré dix minutes, et je me suis évanoui, tous les gars se sont évanouis.
Quand on s'est réveillé, on avait perdu sept des nôtres, la figure de proue était une ruine et le mage d'épée était épuisé. Il est mort lui aussi, plus tard dans un autre combat, à bord d'un autre navire qu'il échoua à défendre ce coup ci. D'après ce que j'en ai compris personne en est sorti en vie, mais bon, c'est ça de naviguer sur la mer de ronce.
Pour le coup, on saura jamais ce qu'il s'était passé. Immédiatement après il changea de navire et je ne l'ai jamais recroisé, en plus sur le coup je ne m'étais pas particulièrement intéressé à ce qui avait faillit nous bouffer. Trop la trouille je suppose, pas envie de faire plus de cauchemars.
En vrai, à chaque fois qu'on allait prendre du repos un peu plus loin dans les terres, on nous demandait : "Pourquoi est-ce que vous êtes devenu marin ? Vous risquez votre vie à tout moment là-bas."
J'aurais put dire quoi ? Que partout on risquait sa vie ? Que en général tout se passait bien ? Non. Je répondais la seule chose sensée à dire : "C'est parce que la mer m'a appelé, voilà tout. Quelle autre raison ? L'appel de la mer, l'appel de la mer, y a pas besoin d'autre raison !". Et c'était vrai. Jusqu'à avant.
Le lendemain de l'attaque, les enfants de Bonny reçurent le dernier cadeau de leur père, la rose noire. La rose qui fait pleurer les mères, le symbole de la veuve et de l'orphelin, le message de la mort. On dit d'ailleurs, que c'est la mort elle même qui la dépose devant la porte le lendemain même de la disparition d'un marin. C'est peut-être vrai puisque personne n'a jamais sut comment, qui ou quoi la déposait là.
Finalement, après ça j'ai pris ma retraite, je me suis installé dans la maison de mes feux parents, j'ai offert une toupie et une poupée aux gosses de Bonny, et je continue de leur offrir des cadeaux, ça me fait plaisir.
Tous les jours je regarde la mer, je tente de percer ses entrailles de mon regard, de voir quelles choses étranges et merveilleuses, fascinantes et monstrueuses, s'y cachent. Souvent je raconte mon histoire aux gosses du coin, pour leurs apprendre à respecter la mer, mais aux marins je préfère juste leurs demander si ils ont des enfants et leurs parler des miens, de mon quotidien calme et un peu ennuyeux.
Je suis sur Twitter
Et j'ai un blog
Tout allait pour le mieux, nous étions de bonne humeur et nous causions gaiement de ce que l'on ferait une fois rentrés à la maison. Bonny nous rabâchait sans cesse qu'il allait prendre sa retraite et s’occuper de ses enfants, la vérité c'est qu'il disait ça à chaque fois, mais l'appel de la mer était trop fort surement. Comme d'habitude nous on lui disait d'arrêter de nous esquinter les choux-fleurs avec son histoire, qu'on la connaissait déjà quoi. Pourtant, on avait apprit à l'aimer cette petite fable, en fait plus on l'entendait et plus on l'aimait, c'était réconfortable, elle nous donnait un drôle de sentiment de sécurité lié à un quotidien calme et un peu ennuyeux. Il avait déjà eu le temps de nous raconter sa légende trois fois aujourd'hui. Comment il allait acheter une toupie à son fils et une poupée à sa fille entre autre.
Puis, quand la pluie arriva, ce fut horrible. Quand il pleut de l'eau qu'est-ce que c'est ? C'est rien, ça fait du bien même, ça lave la crasse. On reconnaît un vrai marin à ça, vous le verrez jamais râler quand il flotte, souvent on est jouasse même. Sauf qu'à ce moment on souriait pas du tout, parce que ce qu'il nous tombait sur la mouille, c'était tout sauf une partie de rigolade. Il pleuvait des fils, des centaines de milliers, des millions même, de fils de soie, accompagnés de tout autant de petites araignées. Phénomène courant en soit, et inoffensif, on s'en est pas inquiété malgré tout nos râlements, puis on a levé les yeux, en fait même sans lever les yeux on l'aurait vu.
BROUUUUUUUUUUUUUUM
Une araignée dix fois plus grosse que le bateau s'écroula devant nous. Là, on a commencé à paniquer, pasque le mastodonte s'était mis à couler, en un rien de temps le truc avait été engloutie par la mer de ronce. L'araignée ne s'était pas remise sur ces pattes, elle coulait, elle était morte.
J'ai sentis mon cœur s'arrêter de battre, qu'est-ce qui pouvait être assez énorme pour être le tueur d'une bestiole comme ça ? Puis, on a entendu un grand cri, un hurlement, un déchirement, j'ai cru en devenir sourd, c'était insoutenable, ça a duré dix minutes, et je me suis évanoui, tous les gars se sont évanouis.
Quand on s'est réveillé, on avait perdu sept des nôtres, la figure de proue était une ruine et le mage d'épée était épuisé. Il est mort lui aussi, plus tard dans un autre combat, à bord d'un autre navire qu'il échoua à défendre ce coup ci. D'après ce que j'en ai compris personne en est sorti en vie, mais bon, c'est ça de naviguer sur la mer de ronce.
Pour le coup, on saura jamais ce qu'il s'était passé. Immédiatement après il changea de navire et je ne l'ai jamais recroisé, en plus sur le coup je ne m'étais pas particulièrement intéressé à ce qui avait faillit nous bouffer. Trop la trouille je suppose, pas envie de faire plus de cauchemars.
En vrai, à chaque fois qu'on allait prendre du repos un peu plus loin dans les terres, on nous demandait : "Pourquoi est-ce que vous êtes devenu marin ? Vous risquez votre vie à tout moment là-bas."
J'aurais put dire quoi ? Que partout on risquait sa vie ? Que en général tout se passait bien ? Non. Je répondais la seule chose sensée à dire : "C'est parce que la mer m'a appelé, voilà tout. Quelle autre raison ? L'appel de la mer, l'appel de la mer, y a pas besoin d'autre raison !". Et c'était vrai. Jusqu'à avant.
Le lendemain de l'attaque, les enfants de Bonny reçurent le dernier cadeau de leur père, la rose noire. La rose qui fait pleurer les mères, le symbole de la veuve et de l'orphelin, le message de la mort. On dit d'ailleurs, que c'est la mort elle même qui la dépose devant la porte le lendemain même de la disparition d'un marin. C'est peut-être vrai puisque personne n'a jamais sut comment, qui ou quoi la déposait là.
Finalement, après ça j'ai pris ma retraite, je me suis installé dans la maison de mes feux parents, j'ai offert une toupie et une poupée aux gosses de Bonny, et je continue de leur offrir des cadeaux, ça me fait plaisir.
Tous les jours je regarde la mer, je tente de percer ses entrailles de mon regard, de voir quelles choses étranges et merveilleuses, fascinantes et monstrueuses, s'y cachent. Souvent je raconte mon histoire aux gosses du coin, pour leurs apprendre à respecter la mer, mais aux marins je préfère juste leurs demander si ils ont des enfants et leurs parler des miens, de mon quotidien calme et un peu ennuyeux.
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