La nuit d’Halloween


Il était 22 heures, je rentrais d’une longue journée à l’université. J’ai voulu passer par l’ancien cimetière qui jouxte le nouvel hôpital qu’ils ont construit ; un mastodonte imposant et bruyant. Trop bruyant, paradoxalement, il ne cesse d’y avoir des allées et venues. Moi, je préfère le calme des morts, c’est pour ça que je me rends au vieux cimetière en général, trente à quarante-cinq minutes dès la sortie du boulot. Pas pour m’y recueillir, non. J’aime à errer de-ci de-là. À travers les allées, contemplant les tombes, explorant le passé des trépassés.
Alors que je marchais, je sentais les feuilles crouler sous mes pas. En cette nuit d’Automne, je frissonnais. Je remontais alors la fermeture de ma veste en cuir. Une chinée achetée sur Temu.
Je ne me sentais pas vraiment effrayé. L’automne était ma saison préférée, c’est la période de l’année où le ciel se fond parfaitement à la lune éclatante. Certains ont peur de ces nuits d’Automne, mais pas moi. Je me sentais en phase avec moi-même. Je pouvais humer l’air frais des feuilles fraîches et sentir le vent dans mes cheveux.
22 heures 15. Je m’attardais un peu dans cet endroit si symbolique. Il est important d’être avec les morts. Surtout en ce jour. Il est important pour les morts d’avoir de la compagnie. Personne ne m’attendait. Je n’avais donc aucun impératif. Mes pas me portèrent en direction d’un tournant, quand tout à coup, je vis une ombre blanche s’avancer vers moi. Je fus un tantinet surpris, car à part moi, il n’y avait guère de passant dans ces lieux.
En repensant à cette nuit, je me souviens que cet homme irradiait littéralement d’une lumière écarlate. :  «  Je suis la mort. »
Me dit-il.
Est-ce que tu es prêt à accepter ton destin ?
Non.
Dis-je simplement.
Reviens dans un an.
Seras-tu prêt ce jour-là à me suivre ?
Peut-être. Si tu me donnes quelque chose en échange.
La mort me regarda alors, interloquée.
Que veux-tu ?
Je veux que tu m’accordes encore un peu de temps, disons le temps que je devienne un homme riche et célèbre.
Et en contrepartie, que me donneras-tu ?


À compter du jour où je serai devenu célèbre, tu attendras quatre ans avant de récupérer ton dû.
La mort accepta alors et me serra la main pour sceller notre pacte.
C’était la nuit d’Halloween, depuis ce jour, je suis toujours en vie, mais suivez bien mon conseil ;
ne vous aventurez jamais dans les cimetières, la nuit d’Halloween.