Il est de longues nuits où mon âme vagabonde
Sous les nues endormies où les étoiles abondent
De mes nombreux moutons je brise la barrière
Je libère mes chiens sans un regard derrière
Mes pensées dans les vents s'engoufrent et se libèrent
Je découvre des sentiers, des chemins de traverse
La peur alors me quitte et mes mots se font chair
Et le monde amusé dans ses grands bras me berce.
Malgré mes yeux ouverts, quand mon esprit se glisse
Par l'ouverture des portes ou les vitre brisées
Je m'imagine errant le long des plaines grises
Porté par les chants sourds d'une armée de damnés
En ramures infinies, en racines légères
Se déployant sans cesse et brisant tous les marbres
Mes mots deviennent terre et mes phrases des arbres
De leurs feuilles cirées ils caressent mes vers
Je décolle parfois dans l'air bleuté des songes
Sans grande idée, sans but je me laisse guider
Défroisse mes ailes tristes d'avoir si peu osé
Et me lançant sans peur vers l'eau noire je m'y plonge
Je danse comme un fou, je me cambre et je hurle
Mes mains s'ouvrent en fleurs comme de grands satellites
Et L'herbe sèche autour, siffle, s'enflamme et brûle
L'espace explose soudain en mille aérolithes
Essoufflé, je respire je me calme et m'apaise
Je redescends doucement mais mes yeux sont de braises
Je me repose enfin sur mon grand lit de feuilles
Dans ses grands draps de brume la lune me fait de l'œil